Troyes : une ville en ses archives (XIIIe-début XVIe siècle)

Ce livre entend prendre toute sa part dans un mouvement qui porte un éclairage nouveau sur l'histoire des pouvoirs municipaux à la fin du Moyen Âge. L'étude du riche fonds archivistique de la ville de Troyes permet de mesurer les interventions et les injonctions extérieures, notamment royales, à partir du XIVe siècle, et d'évaluer le rôle des configurations politiques et sociales dans la production de l'écrit, son usage et sa conservation.
L'appréciation des modalités de distorsion de la documentation urbaine rend alors possible l'écriture d'une histoire plus équilibrée de la vie municipale, embrassant l'ensemble des acteurs et des contradictions qui la traversent. Cette démarche permet de décrypter les institutions actives au sein de cette ville de Troyes et au fil de la grande histoire à laquelle elle participe, pour comprendre ce que représente le poids d'une « bonne ville » dans le royaume de France, au temps de la guerre contre les Anglais et de la mise au pas des grandes principautés.
Le fonds municipal troyen est ainsi en partie le fruit d'une construction mémorielle fabriquée par les élites urbaines au sortir de la guerre de Cent Ans puis au XVIe siècle, reflétant une identité urbaine gagée sur la proximité avec la fleur de lys. Pourtant, loin de cet irénique discours du pouvoir, certains documents conservés témoignent d'une réalité moins univoque traversée par de fortes périodes d'oppositions au sein de la ville. La mainmise royale n'entrave pas l'expression d'une vie municipale où les relations entre les hommes d'un même quartier, d'un même métier, d'une même lignée, se tissent envers et contre tout. On y découvre en filigrane toute une vie communautaire spécifique autour de l'assemblée des habitants, avec des lieux, des moments et des institutions propres aux habitants qui, dans leurs discours, oeuvrent d'abord à la recherche du Bien Commun.