La Grosse
EAN13
9782367322599
Éditeur
EDITIONS CHANDEIGNE
Date de publication
Collection
BIBLIOTHEQUE LUSITANE
Langue
français
Langue d'origine
portugais
Fiches UNIMARC
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La Grosse

Editions Chandeigne

Bibliotheque Lusitane

Indisponible
Isabela Figueiredo dresse dans ce deuxième roman La grosse le portrait d’un
personnage en décalage avec le reste du monde. Maria Luisa, la narratrice, est
une jeune femme, belle, intelligente, au caractère fort, qui se débat
néanmoins dans une société qui ne l’accepte pas. Elle est « retornada »,
arrivée à l’âge de 11 ans du Mozambique colonial au Portugal, et elle est en
surpoids. Dans ce texte, à l’image de la mémoire qui souvent perd la
chronologie, les temps se mélangent, passant de l’adolescence à l’âge adulte.
Cependant, les lieux, Almada, ville ouvrière de chantiers marins faisant face
à la Lisbonne bourgeoise et l’appartement familiale, lié de façon intrinsèque
au souvenir de ses parents, sont des points d’ancrage forts dans le récit
d’Isabela. On entre d’ailleurs dans l’histoire par la porte d’entrée de
l’appartement, espace des premières révélations. Peu à peu le lecteur visite
chaque pièce, remplie de souvenirs ancrés profondément dans le cœur et
l’esprit de la narratrice. Une héroïne pleine de contradictions, qui s’est
construite seule face à l’adversité. Une histoire non sans lien avec celle de
la propre autrice. Maria Luisa est donc une « retornada », une pied noir,
sorte de rejet de l’histoire, elle porte à son corps défendant la culpabilité
d’un empire qui n’est plus. Ce corps d’ailleurs qu’elle ne contrôle pas, qui a
toujours faim et qui semble, à chaque instant, vouloir combler un vide. Elle
grossit et depuis l’adolescence elle n’en finit pas de s’encombrer. Ce
physique marque cruellement et toujours plus la distance entre elle et les
autres. Ne sachant quoi faire de cette masse, elle s’observe sans se
reconnaître, elle subit et rêve de s’envoler. Elle prend à 40 ans une décision
radicale, drastique, à l’image de son caractère : elle fait une gastrectomie.
Un choix résolu mais vécut comme une amputation, exposée dès la première page
du livre. Sa condition physique formate tous les aspects de sa vie, ses
relations amicales et amoureuses, elle finira d’ailleurs par lui voler son
seul et véritable amour. David, avec qui elle a vécu une histoire
passionnelle, charnelle et finalement malheureuse. Maria Luisa nous l’expose
dans toute sa grandiosité et bassesse. David n’assume pas le regard des autres
et, conformiste (lâche ?), il finit par abandonner Maria Luisa qui ne s’en
remettra semble-t-il jamais. La grosse est un roman extrêmement riche. La
narratrice raconte avec une honnêteté parfois désarmante, le mépris des
autres, sans langue de bois, larmoiement ou victimisation, elle dévoile, ses
mécanismes de défense pour garder la tête haute, l’humour étant l’un des plus
efficace. Comme dans Carnet de mémoires coloniales, Isabela Figueiredo nous
offre un texte à l’écriture incisive, crue et puissante. Isabela Figueiredo
est née à Maputo en 1963 (anciennement Lourenço Marques) de parents portugais.
Elle quitte le Mozambique au moment de l’indépendance du pays en 1975. Ses
parents restent et elle vit seule avec sa grand-mère pendant une dizaine
d’années au Portugal. Après des études de lettres elle devient professeur de
portugais et journaliste. Elle écrit notamment pour le Jornal de Notícias. En
2009, elle publie son premier livre Carnet de mémoires coloniales qui a grand
retentissement au Portugal et a déjà atteint sa dixième édition puis, en 2017
elle publie La grosse (A gorda) et en novembre 2022 son troisième roman Um cão
no meio do caminho. Nous avons publié en septembre 2021 Carnet de mémoires
coloniales et a reçu le Prix des lecteurs - Littératures européennes de Cognac
2022 et nous publierons en 2023 son troisième roman.
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