Crise et pensée de la crise en droit, Weimar, sa république et ses juristes
EAN13
9791036204746
Éditeur
ENS Éditions
Date de publication
Collection
Theoria
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Crise et pensée de la crise en droit

Weimar, sa république et ses juristes

ENS Éditions

Theoria

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Existe-t-il des « pensées de crise », des pensées qui ne soient pas simplement
nées durant une « crise », mais qui soient entièrement ordonnées au processus
critique ? Il n’est pas de meilleur terrain d’investigation, pour répondre à
cette question, que la république de Weimar, puisque celle-ci a vécu toute sa
brève existence (de 1919 à 1933) sous le signe d’une crise structurelle,
multiforme et toujours en voie d’exacerbation. Mais, surtout, la crise de
Weimar a fait l’objet d’une constante réflexion de la part de ceux qui en
étaient les acteurs. La pensée de Weimar est une pensée de crise, cela va
presque de soi, mais elle est aussi une pensée de la crise, une pensée dont
l’objet même est de réfléchir une situation insupportable. C’est chez les
juristes que le débat théorique a été le plus immédiatement politique, et de
la manière la plus explosive. Ses protagonistes sont mus par la conviction que
le régime vit une crise si profonde que seules des transformations radicales
pourront en venir à bout. Et c’est ici qu’ils rejoignent, volens nolens, le
débat politique ordinaire de Weimar : ce qui est toujours en question, c’est
la possibilité et la forme d’une transformation profonde, d’une révolution,
prolétarienne ou nationale... Ainsi, la pensée juridique de Weimar est, à tous
les sens du terme, une pensée de crise : non pas simplement une réflexion sur
les issues possibles de la crise du régime, mais véritablement une pensée
conduite en régime d’exception. L’axiome posé par Carl Schmitt, à savoir que
c’est l’exception qui est la clef de l’intelligence de la « situation normale
», est le révélateur inquiétant d’une direction que les juristes, même acquis
à l’ordre constitutionnel existant, vont adopter de plus en plus aisément avec
l’aggravation de sa crise. Ainsi, la théorie juridique paraît jouer à fronts
renversés : le désordre, ce « néant normatif », paraît constituer sinon le
paradigme, du moins la condition d’intelligibilité de l’ordre « normal » et
normatif.
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