Les usages de la perception

Ce livre apporte un nouvel éclairage sur ce qu'il conviendrait d'appeler les «commencements de la phénoménologie» en France et donc, plus particulièrement, sur la première réception de l'oeuvre de Husserl. Quatre auteurs - Jean Hering, Léon Chestov, Emmanuel Levinas et Gaston Berger - ont, pour des raisons méthodologiques précises, été retenus. Ils ont en commun la particularité d'être parmi les premiers à publier spécifiquement, en français, sur les travaux de Husserl. Ayant estimé nécessaire d'introduire les lecteurs francophones «à» la pensée de Husserl, ils ont aussi tenté de s'expliquer, avec lui et entre eux, sur certains points complexes «de» sa pensée. Ces passeurs n'ont dès lors cessé d'interroger le projet phénoménologique, notamment dans ses relations à la problématique religieuse, aux philosophies de l'existence, au questionnement sur la place du vécu affectif dans la théorie de l'intentionnalité, mais aussi à l'idéalisme. L'ouvrage aborde aussi certains thèmes spécifiques comme les limites de la connaissance théorétique, le problème de l'expérience sensible et de la passivité dans leur intentionnalité propre, la fonction épistémologique de la religion pour la phénoménologie ou, encore, la question des relations entre vérité, évidence et erreur, dans le cadre d'une phénoménologie de l'expérience originaire. Finalement, si cette «première réception» de l'oeuvre de Husserl en France dessine une figure différente de la phénoménologie, elle aide assurément à comprendre certains débats internes à cette «critique de l'évidence», y compris dans ce qu'ils ont de plus actuel.