Rodez au XXe siècle, les choix de la modernité

Aujourd’hui Rodez se pare de deux monuments d’exception qui, à environ un demi-millénaire d’intervalle, se répondent : le chromatisme de l’acier Corten oxydé de son horizontal musée Soulages, ouvert en 2014, fait une subtile allusion au grès rose de sa cathédrale médiévale qui impose la verticalité de son clocher. Moins imposantes d’emblée, et pourtant exceptionnelles, les statues-menhirs, sont là, au musée Fenaille, pour nous prouver du fond des âges que toujours l’homme a marqué son territoire de son passage.Bien plus proches, les choix architecturaux et urbanistiques faits à Rodez, qui devient agglomération durant un siècle de mutations importantes et rapides, sont une réponse à une question d’actualité : comment concilier, dans un site à la topographie déterminante, la préservation de ses particularismes en étant « de son temps » ? Loin de rester aveuglément fidèles au passé, des municipalités dynamiques et des Aveyronnais de naissance ou d’adoption, ont participé à de notables changements de société, modelé un nouveau cadre de vie pour les habitants, se sont emparés des progrès techniques, approprié les courants artistiques successifs à la mode. Ils n’ont certes pas échappé à la tentation de dilapider leur héritage et de dégrader un site à la topographie contraignante mais qui donne au paysage toute son originalité. Rodez en porte les stigmates ; mais, l’adoption de caractéristiques néo-régionalistes lointaines, l’adhésion à un Art déco international, l’utilisation de matériaux et procédés « modernes » s’est faite plus qu’ailleurs dans le respect d’une identité propre. Trouver ce juste équilibre est une gageure encore proposée au XXIe siècle et les Ruthénois du siècle passé qui ont cherché à la relever ont été en avance sur leur temps.Découvrir le Rodez du XXe siècle, c’est aussi comprendre les préoccupations d’un monde étonnamment révolu et pourtant proche.