Océania, 3, Sur les ailes du vent
EAN13
9782700236781
ISBN
978-2-7002-3678-1
Éditeur
Rageot
Date de publication
Collection
Rageot poche (3)
Séries
Océania (3)
Nombre de pages
384
Dimensions
18 x 12 cm
Poids
350 g
Langue
français
Code dewey
804
Fiches UNIMARC
S'identifier

3 - Sur les ailes du vent

De

Rageot

Rageot poche

Indisponible

Autre version disponible

Autres livres dans la même série

e9782700236781_cover.jpge9782700236781_pagetitre01.jpge9782700236781_i0001.jpg

Du même auteur, dans la même tétralogie :

LA PROPHÉTIE DES OISEAUX
HORIZON BLANC
LE MURMURE DES ÉTOILES

Alignez recherche, communication,
agriculture, eau...
Il reste un cinquième domaine
de premier plan.
Lequel?

Noël Nora

Couverture de François Baranger.

ISBN 978-2-7002-4540-0

ISSN 1772-5771

© RAGEOT-ÉDITEUR – Paris, 2008-2009.

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays.
Loi n° 49-956 du 16-07-1949 sur les publications destinées à la jeunesse.

LE MESSAGE

1

Noémie accéléra. D'abord parce que le vent soufflait et qu'elle avait besoin de se réchauffer, ensuite parce qu'elle était en retard. Elle avait rendez-vous avec Chris et Noël Nora mais, plongée dans la lecture d'un roman passionnant entamé la veille, elle n'avait pas vu le temps passer.

Elle eut un petit sourire. L'héroïne de son roman n'avait pas froid aux yeux. Elle combattait dragons, elfes et nains et évoluait sans crainte dans un univers couvert de forêts profondes et parcouru de fleuves secrets. Noémie aurait aimé lui ressembler et cheminer à ses côtés le long des sentiers millénaires dessinés par les fées.

Mais New York ne ressemblait pas à la forêt de son roman. Les gratte-ciel hérissaient la ville et leur sommet disparaissait dans la grisaille hivernale. Quant aux rues, elles n'avaient rien de secret, elles étaient juste dangereuses pour Noémie qui vivait là sans papiers, dans la clandestinité. Elle pouvait être arrêtée à tout moment, et alors...

Nul ne savait ce qu'il advenait des clandestins.

Néanmoins, en dépit du froid, du danger, de l'incertitude, Noémie baignait dans ce bonheur subtil que lui procurait l'imaginaire des romanciers dont elle dévorait les œuvres. Inlassablement, elle poursuivait en pensée les aventures des personnages et, perdue dans ses rêves, se mêlait à la foule des New-Yorkais.

C'est peut-être pour cette raison qu'elle ne réagit pas quand elle l'aperçut. Il entra tout naturellement dans ses rêveries et y trouva aussitôt sa place, apportant une touche de bonheur supplémentaire qui la fit frissonner.

Cet état de grâce ne dura pas.

Un coup de klaxon retentit dans son dos, elle sursauta et reprit pied dans le monde réel.

Un déclic se fit dans son esprit et elle s'arrêta net. Les yeux écarquillés, elle fixa le grand adolescent debout devant une vitrine, à quelques pas seulement.

Elle l'apercevait de trois quarts, mais sa stature ne trompait pas, ni cette façon de se balancer d'une jambe sur l'autre. Son visage se reflétait dans la vitre, la bouche boudeuse, le nez enfantin, les yeux...

– Benjamin, murmura-t-elle.

Son cœur se mit à battre à toute allure. Elle eut une envie folle de courir vers lui, de se jeter à son cou, de hurler sa joie. Elle se contint. Tommy lui avait enseigné la prudence. Ils ne survivaient dans cette ville que s'ils restaient dans l'anonymat le plus complet, que s'ils n'accordaient leur confiance à personne. Pas question de parler à un inconnu.

Et si elle s'était trompée? Si ce n'était pas lui?

Elle se força à respirer calmement. Elle ne s'était pas trompée, elle en était certaine. Pourtant, la présence de Benjamin ici relevait de l'impossible. Il avait quitté clandestinement la ville avec leurs parents et les autres scientifiques des mois auparavant pour gagner la base de recherche du pôle Nord, comment aurait-il pu revenir?

Elle s'approcha avec circonspection. C'était lui, aucun doute. Que devait-elle faire?

Il releva la tête et son regard rencontra le sien. Lentement, son visage s'illumina tandis que ses lèvres articulaient son nom :

– Noémie.

Alors elle sut ce qu'elle devait faire. Elle franchit à pas vifs les quelques mètres qui les séparaient, glissa son bras sous le sien, se serra contre lui et l'entraîna dans la foule. Ils ressemblaient à n'importe quel couple d'amoureux.

Mais Benjamin n'était pas son amoureux.

Benjamin était son frère.

2

– Noémie, souffla Benjamin, mais qu'est-ce que... Pourquoi...

– Chut! ordonna-t-elle. On pourrait t'entendre.

– M'entendre? répéta-t-il un ton plus bas.

Il regarda autour de lui.

Nul ne leur prêtait attention, mais Noémie n'avait visiblement pas l'intention de ralentir le pas.

Elle tourna à droite, puis à gauche et poussa le portillon d'un jardin public. L'air était si froid que le petit espace confiné entre les immeubles était désert.

Elle choisit un banc au centre, près d'un bassin à l'eau figée.

– Ici, indiqua-t-elle en s'asseyant.

– On va se geler les fesses! grogna Benjamin en l'imitant.

– Tu râles toujours autant, hein! s'exclama Noémie, heureuse. Pourtant, au pôle Nord, il ne doit pas faire chaud non plus!

– Au pôle, on reste à l'intérieur...

– Raconte! Comment c'est là-bas? Et puis non, dis-moi d'abord ce que tu fais là! Et comment es-tu entré dans la ville? Il y a des barrages partout, nul ne peut sortir ni entrer sans que ses papiers soient contrôlés. Tu es fou, Benjamin!

– J'ai des papiers, Noémie.

– Des papiers? répéta Noémie, la voix hésitante. Faux alors. Tu les as fabriqués? C'est dangereux...

– Arrête! De vrais papiers! Je suis citoyen de ce pays, je suis américain! Je peux aller où je veux, quand je veux. Regarde.

Il sortit de la poche intérieure de son anorak une pochette transparente et lui montra le rectangle rose qui officialisait sa présence.

– C'est incroyable, murmura-t-elle. Comment as-tu fait?

– Simple! La base de recherche du pôle est internationale. Là-bas, les institutions fonctionnent normalement comme si les continents n'étaient pas isolés, comme si la circulation des personnes et des biens était encore possible. Mais en réalité, voilà des années qu'aucun scientifique n'avait rejoint la base! Alors tu penses, notre arrivée a constitué un véritable événement! Du coup, étant donné la notoriété de nos parents et des autres, ils n'avaient pas vraiment d'autre choix que de régulariser notre situation.

– De quelle façon?

– Chaque nation représentée à la base a une ambassade avec des services habilités à délivrer des papiers officiels. Attention, hein, je dis « services », en réalité, il y a une personne! Mais ça suffit... On a juste à choisir sa nationalité et le tour est joué! Je suis américain à présent et j'ai aussi gardé ma nationalité européenne.

– Et les autres? Papa, maman, Juliette, Charles, les Aston...

– Ils ont fait comme moi. On a tous la double nationalité. Dis donc, pourquoi on reste ici à se geler? Si on allait dans un endroit où il fait chaud?

Noémie secoua la tête.

– Je suis toujours clandestine, Benjamin. Je n'ai ni papiers ni visa. À chaque fois que je sors, je cours un risque. Je dois être très prudente.

– Comment ça clandestine? Ils n'ont pas régularisé les sans-papiers après la manifestation?

– La manifestation a été un carnage. Un épouvantable carnage.

– Raconte-moi ce qui s'est passé. Pourquoi n'es-tu pas venue au rendez-vous comme papa et maman te l'avaient dit! On t'a attendue jusqu' au dernier instant. Ils ne voulaient pas partir. Les autres ont dû les forcer.

– Tu as un drôle de culot de me faire des reproches! Je te cherchais! Tu ne t'en souviens pas? Le jour de la manifestation, nous devions tous quitter la ville avec un passeur. Au moment du départ, tu avais disparu. Il ne restait qu'un mot: « Ne vous occupez pas de moi! » Tu crois que papa et maman allaient accepter ça? On est tous partis à ta recherche. Moi, j'ai couru à la digue... J'ai rencontré Flavia, puis nous avons rejoint Chris. Il pensait savoir où te trouver. Nous sommes descendus en ville et nous sommes tombés sur la manifestation. Les chars sont intervenus... Très vite les rues et les avenues ont été barrées. Je n'ai pas pu vous rejoindre.

Noémie réprima un sanglot.

– Tu ne peux pas savoir comme j'ai eu peur. J'étais seule. Heureusement, j'ai retrouvé Tommy. Sans lui...

Benjamin passa un bras autour des épaules de sa sœur.

– C'est ma faute, murmura-t-il.

– Pourquoi as-tu fait ça, Benjamin? Pourquoi t'es-tu enfui?

– Je vous l'ai suffisamment répété! J'en avais assez de vivre dans la clandestinité! Je voulais faire vraiment partie de ce pays! Après tout, c'est pour cela que nous sommes venus...
S'identifier pour envoyer des commentaires.