Là-bas de Matt Ottley

Coulisses d'une odysée :
Un jeune garçon se tient sur une plage baignée par les vagues à côté d’un frêle bateau en bois. Avec son sac à dos, il semble prêt à se lancer à l’assaut de l’océan. Pour ce voyage dont il ignore jusqu’où il le mènera, il emporte très peu de choses : un livre, une gourde, une couverture… Et une vieille tasse à thé qui contient « une poignée de terre de l’endroit où il avait tant joué ». Son périple chargé d’incertitudes le plonge en alternance dans des moments de terreur et de sérénité. Alors que le garçon se sent de plus en plus seul (« en écoutant les baleines échanger leurs appels, il pensait à sa maman qui l’appelait pour goûter »), une graine cachée dans sa tasse à thé grandit. Cette graine va devenir un arbre, un magnifique pommier qui le protège et le nourrit jusqu’à ce qu’il pose enfin le pied sur la terre ferme. Là, il croise une petite fille débarquée, elle, avec un coquetier cassé…
Pourquoi a-t-il quitté sa maison ? Que sont devenus ceux qu’il aimait ? Pourquoi n’a-t-il emporté que ces quelques objets ? À aucun moment, le lecteur ne trouve réponse à ces questions dans Là-bas , ce qui attisera, à n’en pas douter, la curiosité de chacun. Seule la fin nourrit une certitude : ceux qui vont au bout de leurs rêves sans jamais perdre espoir finiront par être payés en retour.
Né en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Matt Ottley vit en Australie. Artiste complet, il peint à l’huile des scènes monumentales. « La réalisation de ce livre a nécessité un an, un mois par scène, ce qu’on peut aisément imaginer en découvrant ses marines si impressionnantes, où il y a un tel sens du détail et de la perspective, raconte Camille Guénot, éditrice chez Kaléidoscope, qui a découvert cet album à la Foire du livre jeunesse de Bologne. La ligne narrative sobre est contrebalancée par l’intensité dramatique des paysages. »
Là-bas est d’abord un voyage esthétique. « Matt Ottley déploie des fresques oniriques où se côtoient toujours la mer et le ciel, autour de cette ligne d’horizon qui joue le rôle de fil rouge, commente Camille Guénot. C’est un album à ressentir : le vent, l’eau, les embruns, la force des éléments, nous sommes plongés au cœur de cette nature sauvage. » Assurément, Kaléidoscope est bien décidé à suivre de très près ce talentueux Matt Ottley.